dans « Comment marchent les philosophes » :
« La marche est primordiale pour définir
l’humain dans l’évolution des espèces… Marcher debout sur deux jambes, c’est ce
qui nous caractérise parmi toutes les espèces…. Cette déambulation bipède a
libéré les mains et développé le cerveau. Mais cette marche se caractérise par
un déséquilibre permanent !…
Pour marcher, il faut s’incliner vers
l’avant, et cette inclinaison devrait nous faire chuter, mais nous la
rattrapons et la répétons pour avancer…
L’interrogation philosophique fonctionne selon le
même processus. En effet il faut commencer par ébranler nos propres
convictions, remettre en question nos évidences. Il faut se déstabiliser, faire
un croche-pied aux certitudes, se rattraper avec des hypothèses. La marche et
la pensée, c’est aussi un déséquilibre permanent et contrôlé.
Rousseau
disait pour sa part : « la marche a quelque chose qui anime et
active mon esprit ; je ne puis presque penser quand je reste en
place ; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. »
Lorsqu'on affirme qu’un enfant marche, qu’on demande
si un patient récemment opéré peut marcher, qu’on espère qu’une personne âgée
soit encore en mesure de marcher, personne n’envisage de randonnée ni de
promenade. Chacun parle de ce simple déplacement debout, d’un point à un autre. Il faut y insister : il nous définit.
Humains, nous sommes des « êtres
marchants ».
La marche peut définir l’humain tout autant que la parole et la pensée. Il est le seul, de tous les vivants, à se déplacer ainsi… il est curieux qu’on ait si peu repéré l’étroite parenté de la marche, la parole et la pensée. »
La marche peut définir l’humain tout autant que la parole et la pensée. Il est le seul, de tous les vivants, à se déplacer ainsi… il est curieux qu’on ait si peu repéré l’étroite parenté de la marche, la parole et la pensée. »