5.2.18

Scène

Un bâtiment moderne
Son dernier étage
Le surplomb sur les toits de la ville
Des baies vitrées
En dégringolades jusqu'au rez-de-chaussée
Léger vertige
Vue filtrée

De longues poutrelles grises
Des vitres disposées en panneaux
Verticalité
Puissance des structures
Puissance des lieux

Un rideau d’acier sur la façade
Gris
De fines mailles
Grises
Comme le ciel sur la ville endormie
Un paysage tramé
Une lumière tamisée
Impressions détournées
Dehors ou dedans ?

Brouillard matinal
Horizons absents
Images hachurées de toits en ardoises
De maisons en tuffeau
Images floutées
De silhouettes informes
D’arbres engloutis
Une volute de fumée
Une présence humaine
Les yeux ignorants
Des lieux alentours

Bruits diffus
Atténués
Assourdis
Apaisés
Quelques véhicules
Quelques pas au dehors
Ronronnement d’un moteur
Le reste – silence

Regards au-dedans
Netteté
Précision
Abolition des obstacles
Un escalier habillé de chromes
Des rambardes transparentes
L’aluminium étincelant
Un plafond de verrières
Des spots lumineux
Lumières intérieures
Regards au-dedans

Trois cartons vides
Posés en vrac
Inutiles
Leurs images de légumes
Disparus ou croqués
Destinées !

Quelques rampes pour nos mains
En lignes obliques
De bas en haut
Du noir et du blanc
Des nuances de gris
Une touche de rouge
Un boîtier-incendie
Un sentiment d’urgence vite oublié
Par l’attente d’un chariot
Dans un coin de palier

Un canapé
Un fauteuil
Disposés en attente
Pour quelques passagers
Inspirés
Des reflets sur les dalles brillantes
Pointillés des picots sur le sol
Aiguisement des pas
Aiguisement des esprits

Une porte d’ascenseur
Glissements de ses portes
Quel étage ?
Acier brossé
Clignotement des voyants
Quelles rencontres ?
Voyages…

Un théâtre en attente des heures à venir
Un théâtre en attente des rêves à venir.