6.8.20

Bivouac sur le col.


C'était une belle journée de juillet vers le col de Bostan dans les Alpes du Haut-Giffre.
La chaleur de l'été et les muscles échauffés par les efforts fournis tout au long des montées avaient mis nos corps en besoin de fraîcheur.
Tout là-haut au grand col un chamois broutait quelques herbes. Il sauta de rochers en névés pour rejoindre la harde à l'abri des dangers.
La neige d'un névé frictionnée sur la peau nous procura des frissons de bonheur et détendit nos jambes et nos bras.
La journée finissait, l'heure arrivait de dresser nos tentes sous la menace d'un ciel orageux. Quelques poignées de neige fondue sur les réchauds remplaça l'eau qui commençait à manquer dans nos gourdes.
Nous n'avions plus qu'à écouter l'air filer par-dessus nos abris, reconnaître quelques étoiles et chercher la lueur d'une comète annoncée. Les rires et paroles d'heureux compagnons s'estompèrent lentement.
L'aube arriva puis les premiers rayons de soleil éclairant tout en bas les villages du Val d'Illiez. Le petit-déjeuner pris tranquillement à même le sol, il ne restait plus qu'à gravir le sommet 150 mètres au-dessus du bivouac. Du cairn rehaussé de deux ou trois pierres à l'occasion de notre passage, nous admirions au loin le dôme enneigé du Mont-Blanc et l'arête de ses bosses que j'avais autrefois parcourus par un jour de grand froid. Plus loin le Cervin et sa dent inclinée hantait mon esprit d'un espoir inassouvi.
Il nous reste tant à faire qu'il valait mieux profiter: ce jour et ses beautés me suffisaient.