17.12.18

Partir

Un râble malsain, c’est un minable lointain.
Quelle sotte !
Quelle ablette coincée !
Je biseaute un camembert mental, je lésine, j’écoute ma calotte jetable…

Partir !
Partir en gibier et poindre l’Ether, avec soin, dans les coins, mon cartable en fanion.
Uppercut !
La suggestion d’un avion, un serment de castor,
Je fermente en camion pendant que serpente le benzine. Un coussin patiente sur une bande câblée…
L’évasion d’une fable dès que coince mon usine ;
Le serment d’un castor pour qu’une sainte éclaircie surgisse d’une région.

Une plaine :
Un cation bovin s’allonge en amande tandis qu’une étable fignole. La vindicte des pions prolonge les foins. Un anion mugit.

La mer :
Un marsouin tortueux invente des certitudes avant que surgisse sa voisine. Elle rote, elle sanglote, il bande et vilipende !
Des banderilles et mandibules ravigotent sa glotte quand l’ermite patiente.

J’y suis :
Au firmament stupide de l’assassin, à la sainte éclaircie, au cingle de la mer, au sable nuptial pensionné.
Ci-gît l’éclair coincé dans mon sein,
Ci-gît le gibier d’une fable huppée quand finit la duperie d’une légion…
Je torsade la pendule et les pointes d’opinions, les ogives en jupe et gymnastes rupestres…
Et mon flair invendable que ceinture un logis !
J’y suis :
Je surgis et je gîte.
J’y suis.

Atelier d'écriture Marc Blanchet


20.10.18

L' automne...


(texte de Cédric Gras)

"... je vagabondais dans des allées ambrées et cramoisies. Les ramures envoûtaient un chemin jonché d'or et les brises semaient chaque fois encore un peu de ces verdures passées, au trépas somptueux. Sans doute s'agissait-il de songes bien policés et romantiques. Car qu'avais-je à présent sous les yeux ? Un drame effrayant où les chaudes teintes sombraient dans un océan de tristesse, un naufrage des couleurs, une tragédie. Des premières éminences on apercevait le sol couvert de plomb que ne couvrait plus la canopée de ses feuillages mordorés. Plantée sur cette terre grisâtre, la nudité affreuse des troncs élancés touchant au ciel en une jungle de fines nervures. Ce n'étaient encore que des trouées dans l'automne qui s'achevait. Mais elles s'étendraient vite à tout ce que le regard pouvait embrasser de monts et de forêts. Elle rongerait tout ce feu pour imposer leur manteau terne et gris.
Car l'automne est comme une braise qui meurt, gagnée par un tapis de cendres. On ne pouvait plus qu'appeler de ses vœux les myriades de flocons, la neige lourde et drue, et hâter vers le tombeau blanc cette pénible sénescence. Ce n'était pas ces chemins d'un domaine flamboyant et, une écharpe au coup, des promenades achevées au pied d'une cheminée de pierres. C'était un monde sauvage où les forêts avaient vendu leur âme au diable des saisons. Les brises nocturnes figeaient les eaux. il restait çà et là des taches de livrée automnale, des cuivres et des éclats. Cependant s’annonçait inéluctablement  la mue des immensités, la métamorphose de l'incommensurable, l'imminence de l'hiver et le glas de toute vie."
Cédric Gras (L'hiver aux trousses)

31.7.18

INCLINAISONS

Ce recueil poétique d'une cinquantaine de pages, regroupe les textes inspirés de mes escapades en montagne depuis quelques années.

En vente à la librairie " La boîte aux livres " à Tours.

Vous pouvez également le commander sur le site ci-dessous :

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2.7.18

Escapadez-vous !

C'est l'été !
Partez où vous voulez
Partez comme vous voudrez
Escapadez-vous
Et faites les fous !



13.6.18

Peyre Arse



Cantal
Vallée de la Santoire
Un gîte accueillant
Fleurs et légumes du jardin
Quelques maisons de basalte
Une chapelle et deux ou trois fermes
Des troupeaux de vaches
Fromages et viandes de Salers
Quelques burons aux pierres massives en attente d’un berger
Le promeneur en profite

Au départ La Courbatière
Un éperon rocheux qu’il faut contourner
Une ligne de crêtes qui s’étirent en longueur
Peyre Arse tout au bout
Un sommet d’Auvergne parmi les plus hauts

Pentes herbeuses d’un vert lumineux
Ciel bleu blanc gris
Un bois touffu de bouleaux
Troncs argentés
Tâches jaunes des genêts sur l’herbe verte des prairies
Des narcisses blancs
Des pensées mauves
Le bleu des myosotis
Le jaune des jonquilles
Les orchidées roses et blanches
Les trèfles et renoncules
Des centaurées des anémones des myrtilles
La montagne est fleurie
L’air est parfumé

Un rapace nous survole
Des chevaux broutent l’herbe
Une barre rocheuse
De grosses pierres enjambées une à une
Enfoncement des pieds entre les buissons
Le chemin disparaît
Un autre nous attend tout en haut sur la crête
Une pente à gravir au milieu des fougères
Torsion des chevilles
Echauffement des orteils
Tension des bras qui repoussent les bâtons
Fléchissements des genoux
Extensions des jambes
Inspirations
Expirations
Le front transpire
Le dos mouille
Un pied glisse une chute s’ensuit
Se relever lentement
Et reprendre la marche
Obstinément

Des nuages s’amoncellent
Ciel noir et gouttes d’eau qui s’écrasent mollement
Puis l’averse qui s’abat
Des grêlons rebondissent
On se couvre en vitesse
On repart sous la nuée
Corps et têtes courbés

Du chemin retrouvé
Quelques rires fusent en éclats
Des paroles se croisent dans le vent
Les névés attendent au bas du sommet
Quelques pas en douceur s’enfoncent en crissant
Ascension d’une pente raidie
De rocs à saisir pour hisser tout son corps
Le sommet est atteint
Le regard se relève des pieds jusqu’aux plaines
Là-bas l’horizon
Des moments d’émotions promesses de souvenirs

L’on descend vers le col
Un pied une jambe souffrent en silence
Une pause pour boire et détendre les muscles
Retrouver la vallée
Désirer un repas
Une douche un sauna
Du bon vin ou une bière

Et le calme de la nuit.

29.4.18

Crimin-Ologie

Cri – mi – in - no – ol - lo – gi

Le crime du mystique en solo cribla
NosVices mignons de loges amies :
Mitres et missels minés par magie!
Mystère des minimes soumis aux orgies!
Missile des prolos sur chrismes lotis
Au giron des cryptes mitées… gifla.

Le script gît et Love le Christ sur mil flots ;
Mil flots col-aux-loques mises et le snob crie ;
Le snob crie, floque et clope les nonnes du clos ;
Les nonnes du clos fol migrent et le script… gît.

Crilo Minogie


CriminOlogie ; définition : 
« dénotation mystérieuse pour allocataires de l’œnologie décriée ».

16.3.18

Puys

Vers les puys inconstants
A l’humeur si changeante
Je reviens aujourd’hui
Pour revivre la joie
Retrouver les envies
De monter vers ces voies
Et toucher la blancheur
De ces monts supérieurs
Allons voir les amis
La neige porte encore
Nos amours et nos sorts

Les crêtes millénaires
Dominent l’infini
De nos plaines misères

Combattons les froidures
Par le feu de nos corps
Grimpons mieux et encore
Vers nos âges futurs






5.2.18

Scène

Un bâtiment moderne
Son dernier étage
Le surplomb sur les toits de la ville
Des baies vitrées
En dégringolades jusqu'au rez-de-chaussée
Léger vertige
Vue filtrée

De longues poutrelles grises
Des vitres disposées en panneaux
Verticalité
Puissance des structures
Puissance des lieux

Un rideau d’acier sur la façade
Gris
De fines mailles
Grises
Comme le ciel sur la ville endormie
Un paysage tramé
Une lumière tamisée
Impressions détournées
Dehors ou dedans ?

Brouillard matinal
Horizons absents
Images hachurées de toits en ardoises
De maisons en tuffeau
Images floutées
De silhouettes informes
D’arbres engloutis
Une volute de fumée
Une présence humaine
Les yeux ignorants
Des lieux alentours

Bruits diffus
Atténués
Assourdis
Apaisés
Quelques véhicules
Quelques pas au dehors
Ronronnement d’un moteur
Le reste – silence

Regards au-dedans
Netteté
Précision
Abolition des obstacles
Un escalier habillé de chromes
Des rambardes transparentes
L’aluminium étincelant
Un plafond de verrières
Des spots lumineux
Lumières intérieures
Regards au-dedans

Trois cartons vides
Posés en vrac
Inutiles
Leurs images de légumes
Disparus ou croqués
Destinées !

Quelques rampes pour nos mains
En lignes obliques
De bas en haut
Du noir et du blanc
Des nuances de gris
Une touche de rouge
Un boîtier-incendie
Un sentiment d’urgence vite oublié
Par l’attente d’un chariot
Dans un coin de palier

Un canapé
Un fauteuil
Disposés en attente
Pour quelques passagers
Inspirés
Des reflets sur les dalles brillantes
Pointillés des picots sur le sol
Aiguisement des pas
Aiguisement des esprits

Une porte d’ascenseur
Glissements de ses portes
Quel étage ?
Acier brossé
Clignotement des voyants
Quelles rencontres ?
Voyages…

Un théâtre en attente des heures à venir
Un théâtre en attente des rêves à venir.

11.1.18

1918 - 2018

La cave 

Les jours blêmes traînaient
Les ennuis s’égrenaient
Jusqu'aux lourds cauchemars
Et grands cris des longs soirs
Une cave utérine
Aux moiteurs palpitantes
D'une main assassine

Fut leur tombe sanglante
  
Les rires sanglotés  
Des bestiales destinées
En glaciales explosions
Finirent sans raison
Chairs brûlées et sangs noirs
S’enfouirent tout au fond
Des fosses et sillons
En soupirs désespoirs
  
Ils ont tué la jeunesse
Déchaîné les ivresses 
Mais les mots du poète
Dépassent la tempête
Ils retombent en pluie
Sur la terre desséchée
Et redonnent une vie
Aux êtres consolés

                                                  Ors… 1918 / 2018

"...Ce livre ne parle pas de héros... Il ne traite pas davantage d’exploits ou de patries, ni de quoi que ce soit concernant la gloire, l'honneur, la puissance, la majesté, la domination, le pouvoir; sauf la guerre. Mon sujet, c’est la guerre et le malheur de la guerre.»
Wilfred Owen