Jean Béliveau dans « L’homme qui marche » :
« Je plains les gens qui courent après le
temps, l’argent et les superlatifs. Je souffre de ces « extrême »,
ces « super », ces « extra » affichés qui souillent le
paysage et déforment notre rapport au temps.. J’ai le sentiment de marcher dans
un monde de mensonges, au milieu d’êtres mutants. »
« …RIEN, c’est plein de RIEN et RIEN. L’absence
existe, je la vois… je ne croise pas âme qui vive. A perte de vue, de la terre,
de l’herbe jaunie, des arbustes. Il n’y a rien et pourtant, les terres bordant
la route sont protégées par de solides clôtures barbelées, fermées par ders
portails scellés de lourds cadenas. Dans les pays dits
« développés », ce ne sont plus seulement les biens qu’on protège,
mais le concept même de propriété ! Je marche des kilomètres sans trouver
un endroit où planter ma tente, et je dois me résoudre à des actes délictueux
pour pouvoir user de mon droit fondamental à dormir. Tout le monde s’en moque,
de ce droit, dans les pays capitalistes. Il n’existe simplement pas, je l’ai
souvent remarqué : il faut payer pour dormir. Si tu ne possèdes rien, le
repos te sera interdit ! Symboliquement, cela me paraît d’une violence
inouïe. »
Nicolas Vanier :
« On ne prend pas la route, c’est la route qui
vous prend, vous apprend…
(Marcher), c’est un acte de liberté, une démarche
plus encore qu’une marche. De celles qui vous permettent d’appréhender un
territoire en le caressant physiquement, sans laisser d’autres traces que
celles que la pluie effacera et que la mémoire elle seule gardera. Le marcheur
comprend le paysage, apprend, aime et protège. »