Sur le plat de la terre quelques cônes posés, espacés un à
un ;
Une ligne de puys, surgis de nulle part ;
Des chemins les relient, les contournent en virages
arrondis ;
D’autres les gravissent, en spirales ascendantes au milieu
des forêts ;
Des sommets :
Un cratère en cuvette parfaite ;
Un simple dôme, belvédère idéal sous la course
solaire ;
Un lac minuscule à l’eau mystérieuse ;
Un pierrier de scories qui roulent sous nos pieds ;
Une brèche égueulée d’où la lave s’est enfuie ;
C’est la chaîne des Puys, unis par leur faille ;
Le famille Limagne aux noms atypiques et divers
caractères ;
Certains se veulent princes, régissant les contrées :
le Pariou et Grand Sarcoui ;
Au Puy de Dôme, Mercure en son temple surveille leurs débats
;
Parfois ils se cachent, en poètes reclus ; Mercœur les
inspire ;
Certains revendiquent leurs rurales origines : puy de
la Vache, Laschamp et Suc de la Louve ;
Des vulgaires s’invectivent entre Montchier et le puy des
Goules ;
Quelques-uns agonisent, de blessures infligées :
Lemptégy, Gravenoire et puy de la Toupe ;
Mais tous se réclament d’une même lignée, d’une jeunesse
agitée et fébriles existences ;
Ils sommeillent maintenant, en retraite méritée et
attendent le grand jour du Réveil explosif ;
Ils espèrent le Grand Soir d’une subite Renaissance.