1.7.19

La tête dans les nuages




Des nuances de bleu détourées de masses noirâtres, des nuées roses et grises qui animent le ciel à la tombée du jour… des nuages se ressemblent, d’autres diffèrent en tous points.

Je me demande si un statisticien pourrait un jour calculer la probabilité que l’un d’eux puisse réapparaître au moins une fois avec toutes ses caractéristiques de forme, de masse, de couleurs, de vitesse, ne serait-ce que le temps d’une seconde. Peut-on envisager qu’en plusieurs millions d’années, un jour, un soir, un seul de ces nuages qui passent devant moi ait déjà existé ?
En est-il des êtres comme des nuages ? L’exacte réplique des êtres vivants et des phénomènes naturels est-elle possible ?

Imaginons que ce le soit. Nos itinéraires terrestres ont-ils pu aussi être similaires, depuis notre naissance jusqu’à la disparition finale ? Ceci supposerait que les heures et le temps qui passe puisse également se répéter. « Retour vers le futur » : a-t-on pu réellement prouver cette impossibilité ?  Le destin des hommes et de leur Terre est-il vraiment unique ?

La réponse est peut-être dans ce vol d’hirondelles qui animent le ciel au coucher du soleil : impossible de les distinguer les unes des autres, ni de les dénombrer, ni de comprendre précisément les mécanismes de leur vol, les raisons de leur placement les unes par rapport aux autres… Pourtant chacune vole à son propre rythme ; il me semble que le seul battement de leurs ailes diffère de chacune de leurs voisines. Elles qu’on pourrait croire clonées divergent dans leurs façons de se mouvoir ; elles divergent toutes, elles divergent en permanence.
Pour elles, l’identité ne tient qu’à une plume, un souffle d’air ; pour nous à un cheveu, un grain de beauté, la longueur d’un pas.


Sans doute suis-je vraiment unique, finalement !…