dans "Revenir" (p 76) :
15.1.17
" Marcher " # 16, selon Jean-Luc Raharimanana
14.1.17
" Marcher " # 15, selon JMG Le Clézio
dans « Désert » (p 56) :
13.1.17
" Marcher" # 14, selon Nicolas Vanier
12.1.17
" Marcher" # 13, selon David Le Breton
On en revient parfois changé, plus enclin à jouir du temps qu’à se soumettre à l’urgence prévalant dans nos existences contemporaines. Le recours aux forêts, chemins, sentiers, ne nous exempte pas de nos responsabilités croissantes envers les désordres du monde, mais il permet de reprendre son souffle, d’affûter ses sens, de renouveler sa curiosité.
La marche est souvent un détour pour se rassembler soi.
11.1.17
" Marcher " # 12, selon Hugo Subtil
dans la revue « Bouts du monde » n°56 : « Marcher ici » :
« A travers la marche, on redonne à l’espace sa juste mesure, et il devient ainsi profondément humain – car il devient une étendue palpable, réelle, que je foule de mes pieds, que je balaie de mes yeux dont tout mon être perçoit les aspérités – et inhumain à la fois – car il est toujours trop vaste, trop immense et trop hostile pour moi. Avec la marche à pied, on accepte la pluie, le soleil et le vent. Ici le temps n’est pas long. Il est continu, unifié. Il défile à 5 km/h. Rien ne vient le découper. Nulle innovation pour l’accélérer. On ne peut pas tricher avec la marche. Il faut marcher tant d’heures qui sont tant de pas. Marcher, tout le monde sait le faire. Nulle technique en marchant. Il n’y a rien de plus simple. L’homme, une fois debout, ne tient pas en place, il marche. »
« Dans le sauvage, nulle beauté. Il faut d’abord s’en sortir. On survit, on contemple ensuite. Dans le sauvage, nulle frugalité : quand on trouve des baies, on se gave jusqu’à ne plus en pouvoir, lorsqu’on croise un cours d’eau, on étanche sa soif jusqu’à la nausée et puis on repart. Le marcheur devient bête, il se transforme en sauvage. Ainsi, pour avancer, il devient une force mue par des puissances qui le dépassent, l’envie de survivre anime chacun de ses pas. Pour enfin être le sauvage, quelque chose de non domestiqué, quelque chose qui se fond dans le paysage, qui l’habite et n’est plus que ce dernier. Quelque chose qui avance sans vraiment savoir pourquoi, simplement parce qu’il faut avancer. Mue par une volonté qui nous dépasse, quelque chose qui effraie les autres car, quand on est sauvage, on est imprévisible et indomptable. »
« Spontanément, nos proches et même les locaux interprétaient notre entreprise en termes de privation et d’ascétisme. Nous y avons trouvé une libération. Le jeu était simple, binaire même… il nous fallait marcher. Et à partir du moment où nous acceptions de lever le pouce pour nous épargner, ne serait-ce qu’un kilomètre désagréable, cela ouvrait la porte à des questionnements légitimes : pourquoi nous épargner ce kilomètre-ci et pas celui-là ? Dès lors, de petites compromissions en petites compromissions, nous aurions fait du stop dès que la route ne nous conviendrait pas, que le ciel n’aurait pas été à notre goût et que les paysages auraient été mieux ailleurs qu’ici…. Nous serions retombés dans le rapport moderne d’optimisation au monde où il s’agit d’en voir le maximum possible dans un temps imparti. Nous nous serions contraints à avancer toujours plus vite afin de cumuler les expériences valorisables. Avec la marche, rien de tout cela : vous tracez un trait et vous vous ouvrez aux rencontres et aux imprévus qui le jalonnent. C’est notre radicalité qui nous a sauvés. »
10.1.17
" Marcher " # 11, selon Arnaud Passalacqua
Extraits du livre " RĖTROFUTUR, une contre-histoire des innovations énergétiques ".
" Nos mobilités contemporaines se caractérisent par une forte hétérogénéité des systèmes, du point de vue de leur vitesse comme de leur impact énergétique et climatique. Nombre d'entre eux sont nés du processus d'industrialisation et d'urbanisation que nous connaissons depuis le XIXème siècle et demeurent marqués par une relation de dépendance étroite avec les sources d'énergie fossile, du chemin à vapeur à l'avion au kérosène. Aujourd'hui dominants dans les pratiques mesurées en distance parcourue, ils sont responsables d'une part importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre tout en formant l'un des secteurs les moins susceptibles de basculer vers des sources d'énergie alternatives. Toutefois, on remarque que des formes de mobilité mineures, plus économes, coexistent, comme la marche ou le vélo...
La marche n'a donc pas disparu de nos pratiques... la marche est longtemps restée le mode dominant des mobilités rurales comme urbaines. Ce n'est qu'au XXème siècle qu'elle a cédé la place à d'autres. Elle demeure pourtant essentielle dans le jeu des mobilités contemporaines...
S'agit-il pour autant d'une technique ?... l'être humain possède bien une technique essentiellement fondée sur la maîtrise du léger déséquilibre assurant le déplacement d'une jambe sur l'autre. Mais, même dans ce cas, il est obligé de marcher sur la terre, le pavé, le bitume ou le sable. Et l'on touche là au point central qui rattache la marche aux autres modes : pour qu'il y ait marche, il faut qu'il y ait support. Comme dans tout système de déplacement, le support est bien souvent négligé, condamné par son immobilisme, alors qu'il tient une place centrale dans son fonctionnement. Sans chemin, comment progresser dans une forêt dès lors qu'elle est relativement dense ? Sans passerelle, comment traverser un cours d'eau ? Et sans trottoirs, comment cheminer dans la ville industrielle ?... La nécessité d'une infrastructure pour le piéton est à l'origine du mouvement de séparation des flux qui a marqué les villes industrielles. Les premiers trottoirs ont été conçus à Paris pour le nouveaux quartier de l'Odéon, à la veille de la Révolution française... La généralisation des trottoirs est devenue l'une des principales caractéristiques de la voierie qui se constitue au XIXème siècle...
Ce mouvement de séparation des flux a-t-il sauvé le piéton ou l'a-t-il relégué dans les marges de nos villes ? Les piétons sont supposés marcher sur les rives d'une voierie s'ils ne peuvent traverser qu'en certains endroits réputés protégés. Plus encore, des infrastructures nouvelles ont rendu la marche impraticable, de la ligne de chemin de fer du XIXème siècle à l'autoroute du XXème siècle. Ce faisant, elles ont capté l'essentiel des déplacements.
La marche assure pourtant encore une part importante des déplacements locaux : 22 % en France en 2008, date de la dernière mesure disponible... certaines configurations très denses permettent aux piétons de s'épanouir : à Paris intra-muros, la marche demeure le mode de déplacement dominant, représentant la moitié des trajets effectués, soit cinq fois plus que l'automobile...
Mode actif par excellente, la marche présente aussi une dimension de santé publique qui ouvre la voie à d'autres formes de monétarisation des effets des transports. Avec elle, les gains de temps ne se comptent plus à chaque trajet raccourci, mais se traduisent en des durées de vie allongées. Voici encore une autre raison de suivre la marche pour considérer autrement une écologie des modes de déplacement où les systèmes les plus archaïques ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit. "
8.1.17
" Marcher ", # 9 selon Antoine de Baecque
7.1.17
" Marcher " # 8, selon Jean Béliveau
dans « L’homme qui marche » :
6.1.17
" Marcher " # 7, selon Franck Michel
5.1.17
" Marcher " # 6, selon Jacques Lanzmann
" Au retour de nos marches lointaines, tout nous paraît injuste parce que tout coule à flots, tout s’étale et tout s’expose, tout est à vendre et tout est à acheter. Parce que là, où les uns mettent des heures à remplir les cruches, les jarres, à les charrier de la rivière à la case, les autres n’ont qu’un robinet à tourner.
Injuste, parce que l’existence des uns ne dépend que d’une mauvaise récolte, d’un méchant coup de vent, tandis que l’aisance des autres ne dépendra jamais que d’un mauvais coup de la Bourse.
Injuste, parce que nous, voyageurs, trekeurs, ne savons plus, au retour, à quelle sauce dévorer notre mauvaise conscience, dans quelle sorte de répertoire nous classer.
Injuste, parce que nous sommes le symbole même de cette injustice. Parce que nous sommes allés voir chez les autres alors que ceux-ci ne viendront certainement jamais voir chez nous. "

4.1.17
" Marcher " # 5, selon Olivier Delord
3.1.17
" Marcher " # 4, selon Roger Pol-Droit
La marche peut définir l’humain tout autant que la parole et la pensée. Il est le seul, de tous les vivants, à se déplacer ainsi… il est curieux qu’on ait si peu repéré l’étroite parenté de la marche, la parole et la pensée. »