La Kali Gandaki s’écoule paisiblement sur son lit de
graviers. Les parois minérales la surplombent, apportant l’or et les ocres à
son eau argentée. Les villages aplanis aux détours des courbes du fleuve
forment de grosses pépites insérées dans l’écrin verdoyant des cultures
alentours.
Des bourrasques soudaines soulèvent par moments des nuées
blanchâtres qui parcourent la vallée. L’eau murmure au passage des galets,
répondant au souffle du vent qui remonte les pentes. Parfois un cri joyeux nous
interpelle. C’est alors qu’on remarque celles et ceux qui, travaillant au cœur
des cultures, cherchent à briser la monotonie du labeur quotidien. Cet appel de
ceux qui restent à ceux qui passent apporte à l’immensité minérale la vie qui
semble manquer de prime abord.
Cette vie, ces paroles, ces rencontres heureuses, on les
retrouve dans les mots gravés sur les pierres disposées en murs de mani à l’approche des villages.
Les drapeaux claquent aux vents qui transportent les plus belles paroles aux lointaines
contrées.