2.2.19

Week-end paripluisien


C’est un long week-end d’hiver.

Le soleil embrumé est si faible qu’il part vite se coucher.
Une pluie tombe et incline nos corps enrhumés, des gouttes explosent sur l’asphalte brillant et les pavés glissants.
Des ombres s’agitent sur les murs de l’humaine Comédie et passent en vitesse sous le triomphe d’un arc.
L’art des musées décore la Ville, des corps s’abritent aux trésors amusés.
Arrêt.
Flic-floc de l’eau cumulée sur les ardoises enchâssées dans les zincs.
Des perles glissent sur l’oculus vitré des mansardes aériennes.


Regards.
Regards sur Paris à l’heure d’une soirée.
Les parapluies filent et courent vers les bas-niveaux, l’eau file des trottoirs aux caniveaux vers le cours de la Seine.
Un rai de lumière écarte le voile d’un dôme invalide, une grise crinoline déforme la silhouette d’une dame de fer.
Sur la vitre dégoulinent les larmes du ciel ; elles fuitent jusqu'aux verres d’un grand palais et ses Miro posés.
Des flots sombres des toitures émerge la blanche Montmartre. Le sang rouge des briques suinte des murs de la grande Commune.
Crépuscule.
Le vent souffle au-dessous des arcades. Une flaque fébrile s’illumine sous des phares tournoyants.
Quelques pas en courant vers l’haleine d’une bouche ; Paris nous avale tout entiers dans la chaleur de son ventre.

Une parisienne referme son parapluie ; une dernière goutte s’écoule au long de mon cou.