16.3.25

Rien

 

Des glaces perdues

Des crevasses mortelles

Et des ombres gelées

Des petits riens


L’horizon disparu

Le Grand Bronze en fusion

Un petit rien


L’océan englouti

Des fantômes perdus

Des petits riens,

Des riens, des riens du tout


Une liste des morts

Les rêves évaporés 

Le firmament évanoui

Un grand corps décharné

Encore des petits riens

Des riens, des riens du tout


Les terres épuisées

Une source disparue

Des merveilles ruinées 

Des prairies sans vie

Le futur disparu

C’est vraiment rien.


Il est mort mon soleil 

Elle est morte ma Terre

Mais c’est rien, c’est rien

C’est juste un petit rien

Une ville glaciale

Des villages brûlés

Nos vies lentement putréfiées

L’onglée sur mon cœur

Le feu sur mon crâne

Vide est mon corps

Il dénie, dévie de ma vie

Mais c’est rien, c’est rien

C’est juste un petit rien


Il est loin mon passé

Les joies, nos petits bonheurs

Elles sont loin et glacées

Nos envies, nos grandeurs

Mais c’est rien, rien du tout

Juste un petit rien


Les cristaux crissent sous les pas

Soulevant tous les vents 

Les morts scellent nos corps

Et les cœurs élevant 

Elle est vide mon âme

Elle dévie, vide l’envie


Les riens qui passent me trépassent

Les riens d’émois

Encore des riens


Il est mort mon Soleil

Elle est morte ma Terre

Tous les riens s’envolent

Et je m’en vais

Je ne suis rien, rien du tout

Juste un petit rien.



Il est mort

Il est mort le soleil

L’ombre est sur ma vie

Dans mon cœur la plaie

Et mon âme s’habille de gris.


Pierre Delanoë / Nicoletta


15.3.25

La tête dans les nuages


Des nuances de bleu détourées de masses noirâtres, des nuées roses et grises qui animent le ciel à la tombée du jour… des nuages se ressemblent, d’autres diffèrent en tous points.

Je me demande si un statisticien pourrait un jour calculer la probabilité que l’un d’eux puisse réapparaître au moins une fois avec toutes ses caractéristiques de forme, de masse, de couleurs, de vitesse, ne serait-ce que le temps d’une seconde. Peut-on envisager qu’en plusieurs millions d’années, un jour, un soir, un seul de ces nuages qui passent devant moi ait déjà existé ?

En serait-il aussi des êtres comme des nuages ? L’exacte réplique des êtres vivants et des phénomènes naturels serait-elle possible ?
Imaginons que ce le soit : nos itinéraires terrestres pourraient-ils aussi être identiques, depuis la naissance jusqu’à notre disparition finale ? Ceci supposerait que le temps qui passe puisse également se répéter. « Retour vers le futur » : a-t-on pu réellement prouver cette impossibilité ? Le destin des hommes et de leur Terre est-il vraiment unique ?

La réponse est peut-être dans ce vol d’hirondelles qui animent le ciel au coucher du soleil : impossible de les distinguer les unes des autres, ni de les dénombrer, ni de comprendre précisément les mécanismes de leur vol, les raisons de leur placement les unes par rapport aux autres… Pourtant chacune vole à son propre rythme ; il me semble que le seul battement de leurs ailes diffère de chacune de leurs voisines. Elles - qu’on pourrait croire clonées - divergent dans leurs façons de se mouvoir ; elles divergent toutes, en permanence.
Pour elles, l’identité ne tient qu’à une plume, un souffle d’air ; pour nous à un cheveu, un grain de beauté, la longueur d’un pas...

Sans doute suis-je vraiment unique, finalement !…